Après quelques jours à faire de petites excursions dans les montagnes du Yukon, nous sentions nos jambes prêtes pour notre première longue randonnée de notre périple. À date, nous avons été chanceux. Nous sommes particulièrement choyés par la météo. Aucun signe de plus, du soleil et des températures autour de 27-29 degrés.
La situation de cette rivière du Yukon a été exposée dans les médias en avril dernier (vous pouvez consulter des articles ici, ici, ici ou encore ici ). À cette même période, nous avions même écrit un courriel à parcs Canada afin de connaitre la situation de la rivière et l’état du sentier. Les employés nous ont gentiment répondu que même si le paysage a été fortement touché par les récents changements, le sentier était toujours ouvert.
À l’attaque du sentier!
Quelques mois plus tard et plusieurs milliers de kilomètres parcourus, nous étions donc prêts à affronter le sentier Ä’äy Chù Ouest et ses 45 kilomètres (plus son ajout de 19 kilomètres à la fin). Avant de vous raconter cette aventure, je dois vous faire une confession : je n’aime pas du tout, mais pas du tout traverser les cours d’eau rapide. J’ai, en fait, un peu peur des roches mouillées. Drôle de peur vous me direz, surtout que je suis une bonne nageuse, mais qui devient rapidement encombrant dans des endroits comme le parc national de Kluane. Une chance pour nous, nous avions pu pratiquer nos techniques en équipe afin de traverser les cours d’eau de manière plus sécuritaire avec le sentier Cottonwood. Le sentier Ä’äy Chù allait mettre mes capacités à rude épreuve puisqu’il y a plusieurs (gros) ruisseaux à traverser, dont deux dans les premiers six kilomètres.

Sur le lit de la rivière asséchée.
La première nuit
Nous avons eu un départ un peu tardif. Nous nous sommes entendus pour faire la randonnée en trois nuits, dont la première au kilomètre 14. Après la traversée des ruisseaux à gué et le chemin dans les marécages, nous établissons notre campement avec vu sur ce qu’il reste de la rivière. En pleine nuit, Francis me réveille :
Francis : « Julie! Julie! Réveille-toi! Il y a deux bébés ours sur le bord de la tente! »
Julie : [se retourne sur le dos et continue de dormir]
Francis : « Julie! Julie! Prends-ton bear spray! Réveille-toi! »
[Francis ouvre la porte de la tente juste à côté de Julie. En écrasant son diaphragme, Julie se réveille]
Julie : « Es-tu certain que ce sont des ours? Qu’est-ce que tu veux faire? »
Francis : « Prends ton bear spray! Il faut sortir de la tente! »
[Francis ouvre la porte de son côté de la tente]
Francis : « Ah….Julie, reste couchée »
Julie : « Bien là! Pourquoi! Me fait pas manger par un ours certain »
Francis : « Ce ne sont pas des ours…justes deux gros porcs-épics »
[Les porcs-épics remarquent que nous les avons aperçus]
Porc-épic 1: « Merde! Nous nous sommes fait repérer »
Porc-épic 2 : « J’te l’avais dit que tu parlais trop fort »
Porc-épic 1: « Attends! M’a lui montrer mes épines » [Porc-épic s’hérisse le dos]
Porc-épic 2 : « ES-TU MALADE? » [Porc-épic part à la course]

Notre premier campement.
Direction: Observation Mountain
Après notre nuit au kilomètre 14 et notre rencontre avec les porcs-épics dodus, nous nous sommes remis en route pour arriver au bout du sentier (kilomètres 22,5). Rendus à cet endroit, nous avons établi notre camp. Il nous fallait faire un autre 19 kilomètres (aller-retour) pour aller voir le glacier Kaskawulsh. Il était déjà possible d’entrevoir le glacier de notre site de campement, mais nous désirions le voir de plus près.

Julie durant les derniers kilomètres pour nous rendre au bout du sentier.
Afin d’accéder à Observation Mountain, il faut traverser deux ruisseaux à gué: le ruisseau Canada et le ruisseau Columbia. Équipés d’un léger sac à dos, de chaussures d’eau et de bâtons de marche, nous avons donc tenté de nous rendre au début de l’ascension de la montagne. Après deux heures de tentative, nous sommes revenus sur nos pas. Chose plus rapide dite que faite, l’eau avait tellement monté durant notre exploration, qu’il était difficile de retrouver notre chemin.
Nous sommes donc rentrés au campement. Nous essayerions dans la nuit et tôt le matin. La température a nettement chuté durant la nuit et le vent s’était levé, nous sommes donc restés couchés. Nous nous sommes levés vers 5h00 et l’eau n’avait toujours pas descendu. Nous avons donc pris la (triste) décision de rentrer à la voiture la journée même et de laisser tomber le glacier pour des raisons (bien évidentes) de sécurité.
Le retour
Le retour fut long et pénible. Des gens rencontrés à l’emplacement de camping nous ont suggéré de passer sur la rivière afin d’éviter les marécages. Mauvaise idée! Nous avons dû revenir plusieurs fois sur nos pas puisque nous étions coincés entre des sables mouvants et la rivière Slims (ou du moins ce qui en reste).

Un bassin versant en pleine transformation.
Le chemin est plat, jusqu’au dernier deux kilomètres. Le chemin devient une montée qui donne un coup de grâce à tout randonneur qui trimballe 45 livres sur son dos et qui vient tout juste de parcourir plus d’une vingtaine de kilomètres.
Un sentier rempli de défis
Si vous désirez conserver votre équipement intact et propre, cette randonnée n’est pas pour voir. La disparition de la rivière a rendu le sentier poussiéreux. Il y a de nombreux marécages à contourner (ou pas) et à traverser. De plus, n’oubliez pas une bonne paire de chaussures d’eau. Il y a plusieurs ruisseaux à traverser. Je vous suggère aussi d’apporter des diachylons pour les ampoules sur les pieds (celles-ci pourraient être nombreuses vu les nombreux changements de chaussures). Un des plus grands défis de ce sentier: garder les pieds au sec!

Une petite pause !
Nous avions réussi à convaincre le réceptionniste de notre hôtel de nous déplacer notre réservation une journée plus tôt. Quel bonheur de prendre une douche ! Nous nous sommes couchés en rêvant aux brioches du Village Bakery que nous allions déguster le lendemain, mais aussi à tous les magnifiques paysages que nous venions de voir.
No Comments